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En toute inquietude
[ Jean-Luc Piraux ]
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Olivier Boudon, metteur en scène

Né en 1980 à Avignon, Olivier Boudon a suivi une formation de comédien à Paris avant d’intégrer l’Insas, en 2004, dans la section mise en scène. Il a notamment monté « Manque » de Sarah Kane (Epongerie, 2008), « La chair du maître » d’après Dany Laferrière (Festival 4 Chemins, en Haïti, 2009) et « Les Exclus » d’Elfriede Jelinek (Varia, 2010).
Il fait partie de la Schieve Compagnie, un collectif d’artistes né dans la foulée du travail sur Sarah Kane.

Au moment de ta rencontre avec Jean-Luc Piraux, en 2010, tu venais de mettre en scène « Les Exclus » d’Elfriede Jelinek – un texte contemporain dur et sans ambages. Le contraste peut sembler important…

C’est vrai que les deux projets peuvent sembler opposés, entre une Jelinek froide et sans détour et un Piraux chaleureux et poétique ! Mais ces deux approches sont beaucoup plus proches qu’on ne l’imagine. « Les Exclus », c’est une histoire compliquée de gens coupés de leur temps – une histoire tragique. Et Jean-Luc Piraux raconte lui aussi l’histoire d’un homme coupé du monde, qui court après la machine – une histoire comique. On est a deux extrêmes du traitement, mais le sujet est très proche. Et j’ai adoré faire ce grand écart !


Comment s’est passé le travail ?
On est parti d’un magma incroyable, avec des heures de texte, des masques, des artifices, et on a élagué, élagué, élagué ! Ce travail a duré deux ans. Jean-Luc est un bosseur acharné. Il est très exigeant avec lui-même : si même une virgule cale, il n’en décollera pas tant que la question n’est pas résolue ! On est passé par toutes les étapes… Nous savions que nous ne voulions pas d’un monologue (trop écrit, trop « théâtral »), ni d’un stand-up ni d’un one-man show. Nous cherchions exactement entre les deux : un solo qui allie écriture rigoureuse et improvisation, par un rapport très direct au public. En fait, je pense que nous avons oeuvré à ce que Jean-Luc soit vraiment au centre du spectacle : le travail a consisté à renoncer à tous les outils qui gênaient le champ. C’est lui qui vient nous raconter son histoire. Il avance sans masque, même si le père qu’il nous présente est au final le fruit d’un décalage, d’une transposition de la réalité.

La notion de « clown » t’intéressait-elle déjà ?
Oui, parce que je l’avais travaillée moi-même en tant qu’acteur. J’ai toujours bien aimé les Charlie Chaplin, Buster Keaton, Jacques Tati : des gens qui savent vivre avec une sorte de personnalité inadaptée dont la dimension clownesque ouvre une autre compréhension du monde. Le clown Jean-Luc arrive à parler de sujets complexes, comme les difficultés professionnelles, familiales et générationnelles, par un biais décalé. Abordé frontalement, c’est le genre de sujets qui font peur à entendre, qui semblent trop sérieux, moralisateurs ou déprimants ! L’art du clown, c’est de permettre aux spectateurs de rester ouverts et d’accepter d’en rire. Historiquement, les clowns sont les palefreniers qui venaient ramasser le crottin entre les numéros équestres. Une bonne définition du clown, bien qu’un peu crue : c’est celui qui soulève la merde et qui rend drôle cette nécessaire opération !


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